Le tanneur. Ar kivijer. Le tannou d'piaos.

 

 

Rares étaient les tanneurs qui travaillaient seuls. En réalité, le cuir était produit par de petites entreprises où le propriétaire employait plusieurs ouvriers. Jusqu'au XVIIIème siècle, les tanneries étaient situées à proximité, voire dans les villes: Rennes, Nantes, Vannes, Morlaix, Fougères... Bien souvent des rues ou quartiers portent encore le nom de cette ancienne activité.

Le tannage est une activité longue, sur plus d'une année souvent, et assez complexe. Essayons donc de comprendre le processus de fabrication.

            1. la transformation des peaux en cuir vert.

Les peaux devaient être amenées à la tannerie parfois de très loin. Il fallait donc les empêcher de s'abîmer. Pour cela, on salait une peau côté chair, on en posait une autre dessus (le côté chair toujours au sel) et on constituait des tas que l'on convoyait jusqu'à la tannerie.

            2. le reverdissage.

Les peaux étaient mises dans des bassins pleins d'eau pour en dégorger le sel.

            3. le pelain vieux.

Les peaux étaient ensuite mises dans un pelain, une grande cuve de bois, remplie à moitié d'un mélange d'eau et de chaux morte, pour une durée de 10 à 12 jours.

            4. L'ébourrage.

C' est là que se situe le travail "de rivière". On jette les peaux à l'eau puis, sur un chevalet, à l'aide d'un couteau de rivière, couteau à deux manches sans tranchant, on enlève les soies de la peau. Celles-ci sont récupérées pour faire du feutre avec lequel on confectionnera des chapeaux.

            5. le pelain vif.

Les peaux sont plongées dans des bains durant 6 jours, suivis de retraits d'une même durée. Et cela dure entre 12 et 18 mois!

            6. l'écharnage.

Après rinçage, les peaux sont ensuite raclées, côté chair, à l'aide d'un couteau tranchant.

            7. les basseries.

Ce sont des fosses dans lesquelles les peaux, suspendues sur des cadres de bois, sont trempées dans des solutions de plus en plus concentrées en matières tannantes (le tan par exemple).

            8. la mise en fosse.

Les peaux sont mises à plat dans des fosses rectangulaires, avec une couche de tan entre chacune d'entre elles. Une soixantaine, qui y resteront une douzaine de mois.

            9. le séchage.

Et ce n'est pas encore fini!

Il faut encore sécher les peaux dans un local sec et bien ventilé. Ensuite le cuir est brossé pour éliminer toute trace de tan, puis frappé avec des maillets sur une table de bois ou de pierre pour en enlever toutes les aspérités.

Et, cette fois, le cuir est enfin prêt à être commercialisé.

En fait, coexistaient les ouvriers tanneurs aux conditions de travail assez difficiles (l'eau, les odeurs...) et les patrons qui appartenaient à la moyenne ou haute bourgeoisie. Mais on se rend bien compte aussi qu'il faut une certaine fortune pour pratiquer cette activité car la marchandise est immobilisée très longtemps avant de pouvoir être mise sur le marché.

Le tan.

Cette poudre est obtenue en broyant de l'écorce de chêne dans des moulins spécialisés pour cet usage. Dans certaines paroisses, ils étaient très nombreux: on en recensait 13 à Lampaul-Guimiliau à la fin du XVIIIème siècle. Ce n'est donc pas étonnant si la majorité des écorceurs (les kigners) venaient de cette paroisse.

Lorsque le tan avait servi dans les cuves, on le récupérait, on le laissait sécher et on en faisait des galettes qui servaient au chauffage.

 

Ur c'hivijer kigner kezeg

Pa vank a lêr a gign e wreg

Un tanneur écorcheur de chevaux,

Par manque de cuir écorche sa femme.