Le charbonnier. Le cherbounier. Ar glaouer.

 

 

On trouve deux sortes de charbon:

            La houille , ou charbon de terre, que des mineurs exploitent dans des galeries ou plus rarement à ciel ouvert,

            Le charbon de bois, produit dans les forêts par des charbonniers. Ce charbon de bois est obtenu en carbonisant du bois en atmosphère contrôlée, par pyrolyse (sans oxygène).

Les charbonniers , comme leurs cousins les sabotiers, travaillaient donc dans les bois mais à l'inverse de ceux-ci, ils n'y résidaient pas en permanence.

 

Alors, comment s'y prend-on pour fabriquer du charbon de bois?

Il faut d'abord un endroit dégagé, plat ("de niveau"), d'environ 10 mètres de diamètre. Ces charbonnières se remarquent encore facilement aujourd'hui dans la forêt.

Ensuite, il faut du bois. Evident, non? Mais on abattait plutôt du taillis et non de gros arbres dont les troncs auraient été plus long à se consumer. Les morceaux étaient coupés à 80 centimètres environ.

Amener le bois près de la charbonnière. Il fallait de 10 à 15 cordes pour bâtir une meule. Chaque corde valant 3 stères, un stère représentant 1 mètre cube, c'était de 30 à 45 mètres cubes de bois que l'on devait acheminer.

Ensuite, les charbonniers vont construire la cheminée, appelée localement triangulaire, car composée de bûches disposées en triangle. Cette cheminée mesure 2 mètres, c'est la hauteur de la meule. Puis on accote les bûches à la cheminée jusqu'à ce que l'emplacement soit rempli.

On recouvre l'ensemble de mottes (les plisses) puis d'une fine couche de terre.

La meule est terminée.

En été, par crainte du feu, il fallait placer des paravents faits de branchages et de fougères à 2 mètres environ de la meule. Il restait alors à procéder à...

 

La mise à feu.

Le charbonnier déversait dans la cheminée une couche de 30 centimètres de charbon de bois, puis jetait une pelletée de braise et finissait de remplir ladite cheminée à l'aide de charbon de bois non rougi.

La meule commençait alors à fumer.

La première nuit, il fallait faire des trous de pieds (pour l'aération) en veillant à ne pas trop activer le feu. Le bois devait simplement se consumer et non brûler, car dans ce cas le charbon était trop cuit et de nulle valeur.

Pour ralentir la combustion, il pouvait aussi obstruer l'orifice de la cheminée en se servant de mottes de terre.

Le lendemain matin, il rechargeait la cheminée et perçait des trous d'aération là où c'était nécessaire.

La meule devait fumer pendant 4 jours et 4 nuits. Il était fréquent que le charbonnier reste dormir sur place par crainte des moulins, des trous qui se forment dans la meule et qui activent le feu.

Quand la combustion était terminée, on versait 2 seaux d'eau dans la tête de la cheminée. La vapeur d'eau ainsi provoquée éteignait la meule.. il fallait encore laisser refroidir une nuit avant de récupérer le charbon de bois. Celui-ci devait être bien cassant et rendre un son cristallin. S'il sonnait mat, il était trop cuit et donc de moins bonne qualité.

C'était un métier difficile. Les charbonniers inhalaient beaucoup de fumée, ils avaient souvent la peau noircie... mais ils aimaient leur profession. Parfois les gens se moquaient d'eux en les appelant : marc'hadourienn gwinniz du (les marchands de froment noir) mais cela ne les gênait guère, car n'est-ce pas:

"Charbonnier est maître chez lui..."